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COS Chronicle

Une loyauté familiale

INTERVIEW -

Michel Sementery, Chef de Culture, est entré à Cos il y a 35 ans. Avant lui, son grand-père y travaillait déjà, et son père, qui y est né, y a mené toute sa vie professionnelle. Aujourd’hui, ses deux enfants poursuivent cette histoire familiale. Nous l’avons interrogé sur sa vision de cette implication familiale : une vie engagée et fidèle à un domaine, racontée en arpentant les parcelles de vignes de Cos d’Estournel.

Quel est votre plus ancien souvenir de Cos d’Estournel ?

J’ai connu Cos à l’époque où c’était presque comme un village, il ne manquait que la chapelle. Il y avait encore les maisons d’ouvrier et surtout la ferme où habitaient mes grands-parents et où est né mon père, en 1934. Avec les enfants, tous les soirs nous nous rassemblions sur le mur de cette ferme. J’ai ce souvenir-là : je nous revois alignés sur ce mur, devant ce qui est aujourd’hui la parcelle n°11, juste devant le château.

Quand j’étais enfant, le domaine vivait avec tous ses habitants : on lavait son linge à la fontaine, on faisait son pain… nous étions nombreux à vivre sur place, et certains sont eux-aussi encore là. Plusieurs grandes familles sont passées à Cos, y sont restées longtemps et ont marqué leur époque. Cet esprit familial, qu’a su garder la propriété aujourd’hui encore, vient certainement de là, aussi.

Comment votre famille est-elle arrivée à Cos d’Estournel ?

Mes grands-parents sont arrivés de Haute-Vienne en 1933. Ils étaient meuniers, mais mon grand-père s’était fait une réputation de vacher, et le chef de culture de Cos d’Estournel l’a embauché pour cela : on avait besoin de vaches pour produire du fumier à mettre dans les vignes, et de bœufs pour tirer les charrues. Mon père a travaillé dans les vignes pendant quarante ans, tandis que son grand frère a commencé à Cos comme ouvrier au chai avant de devenir maître de chai jusqu’en 1981.

Quand, enfant, vous regardez les vignes du haut du tracteur, pendant des après-midis entiers, quand, adolescent, vous allez tailler la vigne avec votre père le samedi après-midi, vous observez, vous apprenez beaucoup de choses et vous finissez par connaître le vignoble par cœur : chaque rang de vigne, chaque parcelle, chaque recoin du domaine.

Quel est votre rôle à Cos ?

Je suis entré à 16 ans, et j’y ai fait tous les métiers du vignoble. J’ai été vigneron pendant les dix premières années, puis quand mon père a pris sa retraite en 1994, j’ai pris son poste de chauffeur de tracteur. C’est en 2001, alors que la propriété venait de changer de mains avec l’arrivée de Michel Reybier, que je suis devenu Chef de Culture. Dominique Arangoïts, notre Directeur Technique, m’a confié cette mission.

Depuis 2001, j’essaye d’apporter quelque chose à l’équipe, de leur transmettre tout ce que j’ai appris. C’est mon objectif : sinon, cela n’a aucun sens de faire une carrière comme la mienne. Dans mon équipe, certaines personnes étaient là avant moi, d’autres viennent d’arriver. L’objectif c’est que nous travaillions bien tous ensemble, et que tout le monde s’investisse sur la durée. C’est un travail d’équipe : on se parle, on s’écoute, on avance ensemble dans la même direction. Je leur donne des consignes, mais je leur demande de réfléchir aussi, d’apporter de meilleures solutions.

Je crois que c’est cela qui me rend heureux, chaque jour, quand je viens travailler : être avec une équipe impliquée, engagée, et lui transmettre ce que je sais.

Vendanges 2019 (1)
Entrer à Cos, pour vous, c’était une évidence ?

Pas du tout ! Au début je pensais que chaque année serait la même, que tout se répéterait et je n’avais pas envie de cela : tailler en hiver, relever au printemps, vendanger en septembre, et recommencer année après année. Et puis, avec le temps, je me suis rendu compte qu’il n’y a jamais eu de millésime qui ressemblait à un autre. Le scénario n’est jamais le même, d’une année sur l’autre on ne vit jamais la même chose. Et quand on comprend cela, cela devient passionnant : quand on commence un millésime, c’est toujours le meilleur.

Cette passion, c’est peut-être quelque chose qu’on transmet aussi à ses enfants : ils ont entendu parler de Cos tous les midis, les soirs à table, pendant les vacances… mes enfants ont été imprégnés de ça, et je n’ai pas été surpris qu’ils demandent à venir travailler à Cos, chacun dans son domaine : au commercial pour Estelle, à la vigne pour Guillaume. Et encore aujourd’hui, Cos est au cœur de nos discussions même à la maison !

Comment voyez-vous Cos d’Estournel aujourd’hui ?

Ce que j’apprécie plus que tout, c’est que Cos a su garder sa discrétion et son humilité. Les gens qui sont là sont humbles, discrets, et ont été formés par des personnes qui sont arrivées à Cos il y a plusieurs années, qui y sont restés, et qui sont toujours amoureuses du domaine. L’humilité, c’est aussi d’avoir su faire de Cos ce que le domaine est aujourd’hui, en acceptant de faire des changements.
Pour ce qui me concerne, cela a été, depuis vingt ans, de pouvoir contribuer à améliorer les techniques au service du vignoble, en faisant attention aux hommes et à l’environnement.

Pour moi, c’est important de faire attention au vignoble pour laisser un domaine dans un état impeccable, pour les générations qui arrivent : on prend soin de la terre sur laquelle nos grands-parents et nos parents ont travaillé, et on y pense d’autant plus que nos enfants sont eux aussi au domaine.


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